Les éditions Frémok ont l’immense chagrin de vous annoncer le décès, mardi 29 janvier, d’Alex Barbier. Figure tutélaire, il était et restera notre Pape pour toujours. Si vous souhaitez vous associer à l’hommage que nous lui préparons, de quelque manière que ce soit (texte, image, dessin, photo…), n’hésitez pas à nous contacter.
Couleurs criardes et univers hallucinés, jeunesses folles et lycanthropes, vices et bassesses ordinaires : dès ses premières publications dans Charlie mensuelpuis Hara-Kiri, au début des années 80, Alex Barbier détonne, dérange. Malmenant les codes de la bande dessinée tant d’un point de vue narratif – déconstruction du récit, disparition des bulles et des espaces entre les cases – que pictural avec l’intrusion de la couleur directe, dont il est, rappelons-le, l’un des initiateurs en bande dessinée – il s’impose rapidement, avec Lycaonset Le Dieu du 12, comme le Maître sulfureux d’une avant-garde qui, depuis, n’a cessé de grandir. C’est dans les années 90 qu’Alex Barbier rencontre les jeunes éditeurs de ce qui allait bientôt devenir le Frémok. Le Frémok (alors Fréon) lui propose de publier quelques pages en couleur dans sa revue Frigobox, puis compilera ses peintures érotiques dans un recueil intitulé De la chose. Enfin, il publiera ses nouveaux livres (Lettres au maire de V., Autoportrait du vampire d’en face, Pornographie d’une ville), rééditera ses classiques épuisés (Lycaons, Le Dieu du 12) et s’entêtera à rendre, enfin, la place que mérite cet auteur essentiel de la bande dessinée contemporaine. En 2014, Alex Barbier faisait ses adieux à la bande dessinée dans Dernière bande. La grande exposition rétrospective qui lui avait été consacrée en janvier 2015 au Festival d’Angoulême retraçait l’itinéraire tumultueux d’un artiste damné et hors normes, en marge car transgressant sans cesse tous les codes narratifs et picturaux de la bande dessinée aussi bien que l’ordre établi, politique ou sexuel. Il aura continué à peindre jusqu’à la fin de sa vie.