Archives mensuelles : février 2014
Cowboy Henk de Kamagurka et Herr Seele Prix du Patrimoine à Angoulême!!
Resplendissant dans son magnifique costume bleu, Herr Seele a reçu le Prix du patrimoine décerné à l’issue du Festival international de la bande dessinée d’Angoulême pour Cowboy Henk, joyau surréaliste réalisé avec son comparse Kamagurka et paru au Frémok.
« Les femmes boivent de l’eau tout le temps et c’est pour maîtriser l’émotion. » a déclaré Herr Seele « point ému ».
Né en Belgique en 1981, traduit aux Etats-Unis, en Finlande, en Suède, en Espagne… Cowboy Henk a fait avec sa houppette à la Tintin les grandes heures de Raw Magazine, la revue mythique de l’underground newyorkais fondée par Art Spiegelman, le seul prix Pulitzer de l’histoire de la bande dessinée. « Cowboy Henk ce n’est pas toujours bien, mais quand c’est bien, c’est vraiment bien », s’est esclaffé a dit Umberto Eco à la lecture de ses exploits pop art peint avec une queue de vache.
Dimanche après-midi ses auteurs belges Herr Seele et Kamagurka ont décroché le Prix du Patrimoine au Festival international de la bande dessinée d’Angoulême pour l’album de ses meilleurs gags surréalistes publié à Bruxelles par la maison d’édition belge indépendante FRMK.
Qui est Cowboy Henk ?
Herr Seele : C’est un héros belge qui fume la pipe, au tabac de la Semois bien sûr, mais jamais la cigarette parce ça c’est un produit capitaliste ! Il est dadaïste au départ et puis il est devenu un peu plus surréaliste. L’art belge de la bande dessinée pour moi prend ses racines chez Hergé et Magritte. Ce sont les figures les plus importantes de notre culture. Derrière Cowboy Henk, il y a un poète et un génie : Kamagurka ! C’est le Saint du monde actuel, celui qui écrit la nouvelle Bible. Pour moi ses histoires ont la même valeur. Elles sont là pour aider l’humanité. Son humour est véritable travail spirituel. Moi je suis juste le clown de Kamagurka. Il m’interviewe pendant deux heures et il tient son histoire. Dans le dessin, je lui ai donné un corps de Rubens. Son image est à la rencontre du classicisme et de l’expressionnisme. Son humour est proche du peuple. Il a une dimension folklorique aussi dans l’humour. Il est flamand mais ce n’est pas l’héritier de Bob et Bobette. Il joue dans le grand art, celui des surréalistes. Son premier but, c’est de faire rire les gens même s’il fait ça très sérieusement. C’est une machine à blagues.
Kamagurka : Aucun autre pays n’est capable de produire un héros aussi surréaliste, un héritier de Marcel Mariën et de René Magritte. On s’amuse comme des gamins avec lui. C’est un personnage de notre subconscient qui vient troubler nos rêves. Il est complètement belge et complètement international en même temps car au fond, quand on oublie la langue, les gens se ressemblent plus qu’on ne le croit. Je pense d’ailleurs à écrire un jour une aventure muette qui n’aurait pas besoin de traduction pour voyager à travers le monde. Une sorte de peinture qui raconterait une histoire sans mots. Avec les images de Herr Seele, c’est possible. Cowboy Henk est un héros qui parle au-delà des frontières de son pays. Un chanteur de rap noir américain m’a contacté un jour pour me dire combien il le trouvait formidable. Il traduisait les bulles avec Google ! J’ai rencontré des Russes qui faisaient ça aussi !
Vous êtes content de ce Prix du patrimoine ou ça vous donne un coup de vieux ?
Herr Seele : Après 33 ans de bande dessinée, le prix du patrimoine me va très bien : on est très « muséal » Kamagurka et moi. J’ai toujours rêvé d’ouvrir un musée pour exposer ma collection de 250 pianos avec Cowboy Henk. Et puis on va enfin pouvoir parler de nous dans les universités. Jusqu’ici, ils avaient tout raté. Cela fait trente-cinq ans qu’on existe et moi je n’ai jamais décroché le moindre prix. J’en ai eu quelques-uns mais c’était dans les concours de dessins pour enfants. Sans doute que notre art n’était pas assez commercial… On a un côté trop Pieds Nickelés, trop Pulp, trop érotique. On regarde du côté de la culture, de la peinture, des grottes de Lascaux.
Cowboy Henk, Herr Seele et Kamagurka, FRMK, 128 p., 26 euros
Et la cérémonie de remise des prix (Herr Seele fait une entrée remarquée vers la 40ème minute)
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