Archives mensuelles : octobre 2006

Experience Alice

alice2.jpg

alice1.jpg

Mesdames et Messieurs,

Ceci est une invitation.
Nous, constitué en institut FRMK, connu comme le Frémok, prenons acte de la
vacuité du terme « BD indépendante ». Dans un contexte, où le marketing et
les opérations financières entendent imposer leur loi à la création, nous
tenons à réaffirmer nos valeurs, à la fois en terme de ligne éditoriale et
de modalités de sa mise en place. Nous le ferons notamment en ouvrant un
programme poétique, l’ExpérienceAlice, qui constituera une plongée en apnée
simultanée dans l’enfance et l’âge l’adulte, le texte et l’image, le rêve et
le réel, la forme et l’informe.

Depuis plusieurs années déjà, les sirènes d’alerte résonnent sur la
concentration dans le domaine de l’édition, sur la surproduction inhérente à
un système qui vit sur la rotation permanente de productions
interchangeables et une pluralité souvent factice. Trop de vessies étouffent
les lanternes. La bande dessinée est particulièrement touchée puisqu’elle
est supposée être comme la littérature de jeunesse un « secteur » qui se porte
bien. Un eldorado presque. Quel éditeur n’y va pas de sa collection, si
possible décalée, légère mais concernée par le monde d’aujourd’hui. Certains
multiplient même à l’envie les labels pour ratisser plus large, couvrir tous
les « segments du marché ». Triste résultat de la compétition : le conformisme
règne tant et si bien qu’il veut même singer l’anti-conformisme. Après avoir
tenu lieu d’espace de liberté (arraché faut-il le rappeler par une bonne
poignée d’auteurs à la tête brûlée), la bande dessinée dite « indépendante »
est elle-même en passe de se laisser enfermer dans de nouvelles conventions.
De la « bande dessinée indépendante »? Du « roman graphique »? Du supposé
intimisme, de l’exotisme polico-bien-pensant?… Rien de plus facile. Vous
en voulez, en voilà, on a appris à en faire ou… Attendez! On va trouver
quelqu’un qui sait faire! Que pensez-vous de ça? C’est presque pareil….
Ceux qui imitent, gros ou petit, savent par avance la forme qu’ils
fabriquent. Mais nous avons, sur les suiveurs et les éditeurs à la petite
semaine, un avantage. Nous-mêmes nous ne savons pas ce que nous faisons!
Nous avançons, quoi qu’il arrive et qu’importe comment. Laissez courir. Et
gardez le fil. Gardez le fil.

Ainsi, le Frémok, d’abord sous les noms d’Amok et de Fréon, lance depuis
quinze ans un défi aux formes et aux normes sans équivalent dans le champ de
l’édition : écritures visuelles, littératures graphiques, bandes dessinées
reconnues ou déniées, desseins passionnels. Art. Litterature. Tout court.
Une aventure qui ne date pas d’hier. La difficulté mais aussi le prix d’une
telle aventure c’est se tenir en permanent déséquilibre, perché au point
critique, à l’extérieur des compartimentages et des usages. Il n’est pas
question d’arrêter.
Parce que nous réaffirmons plus que jamais une démarche qui place l’oeuvre
au centre de l’entreprise éditoriale, parce que pour nous, auteurs-éditeurs,
ce sont les créateurs qui proposent avant que les lecteurs disposent, parce
qu’il faut défendre les vrais librairies pour que les lecteurs puissent
disposer, parce qu’il n’y a pas de frontières qu’on ne doive rendre
mouvantes ou perméables, nous avons choisi de bousculer le train-train de la
ronde des nouveautés. Nous avons choisi en quelque sorte de revenir à la
source de notre désir de création, d’édition, de diffusion, de partage avec
le public. Au-delà des difficultés, voilà le moteur qui fait tourner la
machine : l’irruption et la circulation des formes, l’invention des
possibles.

C’est cette démarche, folle mais sûre, que nous voulons partager.
L’ExperienceAlice qui s’ouvre avec la publication du manuscrit originel
d’Alice au pays des merveilles, coïncide donc aussi avec notre choix de
redéfinir notre ou nos circuits de diffusion. Nous voulons nous doter
d’outils qui renforcent les liens avec les lecteurs et les libraires. Nous
voulons des livres vivants, des littératures pirates. Constituer un réseau,
plutôt qu’une chaîne, qui soude une réelle communauté d’intérêt,
d’engagement, de plaisir. Le désir, le désir, bon sang! S’il n’y avait qu’un
mot à retenir, ce serait celui là. A la place des murs, mettre des pages.
Effeuiller les cloisons. S’introduire, demeurer, en intrus. Sur le métier
sans cesse remettre l’ouvrage. Percer l’abcès des écritures. Faire face au
danger de voir, lire entre les lignes. Déchiffrez, défricher. Courir plus
loin, comme un cheval sans tête. Libre. Ah, qu’est-ce que c’est qu’être
libre aujourd’hui? Une délicate opération. A ciel ouvert. Une expérience
permanente. ENTREZ

communique%cc%81_alice1.jpg

1 commentaire

Classé dans politique intérieure, projets

Expo Frmk à la galerie Brusel du 19/10 au 5/11 2006

putainpdefpt.jpg
Exposition
frmk Editions
du 19/10 au 5/11
Anke Feuchtenberger
Thierry Van Hasselt
Alex Barbier

Anke Feuchtenberger,Thierry Van Hasselt, Alex Barbier,
les Editions Frmk et la Librairie-Galerie Brüsel
ont l’honneur de vous convier à l’expo-vente
consacrée à leurs dessins originaux

L’exposition se déroulera à la Librairie-Galerie Brüsel
du 20 octobre au 5 novembre 2006
Vernissage de l’exposition en présence des auteurs
le jeudi 19 octobre à 18h30.
Dédicace le vendredi 20 octobre de 15 à 18h.
( Réservation obligatoire )

A cette occasion, vous découvrirez également
les deux nouveaux ouvrages des éditions Frémok
tous deux parus dans le cadre de l’Experience Alice

Thierry Van Hasselt réalise le film d’animation qui accompagne Holeulone, rencontre de la danse et du dessin, du corps, de l’encre et de l’écriture .

Poster un commentaire

Classé dans expositions

holeulone / bande annonce

Poster un commentaire

Classé dans évènements

The attendant’s gallery

THE ATTENDANTS’ GALLERY – Histoires d’Europe, du 5 au 7 octobre aux Halles de Schaerbeek – Belgique
LOD/Koen De Sutter/Dick Van Der Harst

Des acteurs originaires de cinq coins de l’Europe racontent le continent qu’ils partagent. Ces gardiens de la mémoire nous livrent leurs souvenirs, des images, des anecdotes, qu’ils tentent de partager entre eux et avec le public… Chacun s’exprime dans sa langue d’origine, c’est alors grâce aux images de Thierry Van Hasselt, Dominique Goblet, Olivier Deprez, Jean-Christophe Long qui accompagnent chaque récit, que la langue cesse d’être un obstacle.

réservations : http://www.halles.be
Halles de Schaerbeek : 2 rue Royale Sainte-Marie 1030 Bruxelles

0021.jpg

Poster un commentaire

Classé dans évènements

Sur Holeulone

08_hl.jpg
Note d’intention de Thierry Van Hasselt sur Holeulone

Karine avait lu mon premier livre : Gloria Lopez. Un long récit en bande dessinée réalisé en monotype. Il y est question d’un médecin légiste fasciné par la dépouille d’une jeune femme à la destinée tragique. Une sorte de Justine dont il essaye de recomposer la trajectoire. Le récit s’enlise et se perd au gré des hallucinations du médecin. La matière de l’encre, fluide, flottante semble prendre possession de la page et déterminer l’évolution et les circonvolutions des personnages. La mouvance du noir et ces innombrables nuances offre au regard un écho amplifié de l’ étrange et improbable existence des personnages.
Karine est venue me trouver. Elle me parlait de cette matière, du corps, du mouvement et de la danse. Elle désirait créer un solo. Elle avait déjà le titre. Elle voulait la matière et le corps. Un rapport entre la fixité de la matière en mouvement et la réalité vivante du corps.
Pour commencer, pour entrer dans le sujet, pour confronter le corps à cette matière, on s’est installés au studio pour réaliser une longue série de dessins d’après modèle. Karine posait, je dessinais. Elle rentrait dans l’espace de mes pages. Son corps absorbé, transformé par cette matière.
De cette expérience, nous avons tiré la matière au double projet Brutalis : une pièce et un livre.
Bien vite j’ai eu envie de prolonger cette expérience, de mettre en mouvement mes dessins pour les confronter au mouvement des corps. Je voulais saisir l’organicité qui anime ces dessins : quand le pinceau pose le solvant sur la plaque et que la matière se transforme et vit par elle-même.
Suite à la lecture du livre de Daniel Keyes : Des fleurs pour Algernon, je proposais de partir de cette idée d’évolution accélérée du rapport au monde et du savoir. Que ce prétexte de tornade mentale pourrait devenir le point de rencontre de nos pratiques : le corps en mouvement pour elle, le dessin en mouvement pour moi.
J’optais pour une technique traditionnelle de « peinture sur verre », cela me permettait de travailler de façon rudimentaire et brute. Je manipulais, triturais l’encre épaisse et grasse sur un cello, je fixais à l’aide d’un appareil photo digital chaque étape de la transformation de l’image. Et chaque image ainsi prise devenait un sixième de seconde du film…

Quand il fallut confronter et entremêler le corps et l’image, il fut évident que ce serait une gageure. Nous étions face à deux entités aux vitesses opposées. Le film semblait perpétuellement exploser, tandis que le corps semblait ralenti et presque rendu invisible par les incessantes déflagrations lumineuses du film.
Holeulone prenait vie. Comme un combat sourd, incessant du double corps contre lui-même, du double corps contre l’image qui le consume.

Poster un commentaire

Classé dans projets

Holeulone

03_hl.jpg

Un projet de Karine Ponties / Cie dame de Pic

en Collaboration avec Thierry Van Hasselt

Théatre les tanneurs

Rue des tanneurs, 75, Bruxelles 1000

Réservations: +32 (0)2 506 4300


5 – 14 octobre 2006 – 20h30
Holeulone inaugure la nouvelle résidence de Karine Ponties au Théâtre Les Tanneurs et c’est une bonne chose, parce que la présentation de ce spectacle est l’aboutissement d’un long parcours qui aura vu cette création évoluer de workshops en avant-premières, de Séville à Orléans, en passant par Prague. C’est à la rencontre de la danse et du dessin, du corps, de l’encre et de l’écriture que Karine Ponties nous invite. La chorégraphe aime collaborer avec des artistes de disciplines différentes. Thierry Van Hasselt réalise le film d’animation qui accompagne Holeulone. Un film à la technique à l’ancienne, belle et fragile, entre retraits et rajouts d’encre. L’univers de la chorégraphe explore le corps à l’infini. Ses détails, ses codes, ses jeux et ses rythmes ne sont pas dénués d’un humour, noir comme l’encre. Holeulone nous transporte entre beauté et puissance. Dans ce flux incessant et ce chaos humain, il chemine vers l’indicible, perturbe et renouvelle nos perceptions et nous questionne sur la réalité et l’imaginaire.
Karine Ponties est artiste en résidence artistique au Théâtre Les Tanneurs
Chorégraphe: Karine Ponties
Conceptrice lumière: Florence Richard
Film d’animation: Thierry Van Hasselt

Texte et écriture livre éponyme: Mylène Lauzon
Compositeur: Dominique Pauwels

Réalisation décors: Wilfrid Roche
Avec: Éric Domeneghetty, Jaroslav Vinarsky

Poster un commentaire

Classé dans évènements